Je conçois la peinture comme un territoire à explorer mais que l’on habite pas. Un paysage mental ou sensible où se croisent la mémoire des lieux et la projection intérieure. Ici, le point de départ est une ligne : ligne d’horizon, ligne de flux, ligne de faille. Elle structure l’espace sans l’enfermer, circule, se déploie, se tord.

Ce que je cherche à capter, c’est ce moment où une forme commence à exister, sans tout à fait se nommer. Je travaille à la frontière du « paysage » et de l’abstraction. Le spectateur peut y voir une carte, une rivière, un champ de neige, une topographie réinventée. Mais il ne s’agit jamais d’une représentation directe : plutôt d’une lente condensation de sensations, de rythmes, de mouvements.

Ces deux toiles naissent d’un dialogue entre la matière et la structure. Le fusain ou le pastel gras et la peinture s’y répondent : l’un trace, l’autre recouvre ou révèle. J’accorde une grande importance au temps du regard : ces surfaces apparemment calmes dévoilent, à mesure qu’on les approche, une complexité de textures, de transparences, d’écarts. Il y a souvent un flottement, une hésitation entre l’organique et le construit, entre ce qui vient de la nature et ce qui vient de la main.

A l’instar de la série Abyssales ou de l’oeuvre Le Continent,  j’essaie, à ma manière, de rendre visibles des états de passage, des glissements, des continuités.

 

Nous, les routes I – fusain, pastel gras, huile et acrylique/médium – 240×240 cm – 2025

Nous, les routes II – pastel gras, huile et acrylique sur médium – 240×240 cm – 2025