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Qu’elles chagrinaient, qu'elles étaient dans les pâquerettes
A fouler vivement leur peine à travers tout,
A travers les rames d'un chêne par exemple,
Cette fois, elles n'ont plus la force.
Les plates-formes écarlates où elles s'allongent
Exhalent les langueurs de leur museau, leur bec, leur trompe,
Et les bouquets d'hélianthes que leur corps a plié
Crépitent dans les joncs.
Aux aguets, agenouillées sur une rive de terre sèche,
Comme des mantes ramassées dans leur cagoule,
Elles poussent leurs prières à des routes sans fin.
C'est la lumière du monde, le désordre encore frais du matin,
Les derniers rayons d'hiver.
C'est l'avenir, la clairière à l'horizon,
Le chantier que l'on a gardé sous la langue...
Et comme elles ont encore au creux de l'oreille ce petit cri,
Ce petit cri de fenêtre enchantée,
Leurs yeux tournent dans le ciel à travers le ciel
Et font des signes amers à leur chanson.
C'est la criée du matin, le souffle piqué de l'univers,
Le premier rayon tombé du monde.
C'est sans arrêt la veillée, les heures passées à la longue,
Revenir, et chanter la bonne journée.